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Pâris et les trois déesses, prolongements

© Musée du Louvre/A. Dequier – M. Bard

 

Comparaisons homériques

  • On y trouve notamment relevées ces comparaisons :

Iliade XIII 703-708

ἀλλ᾽ ὥς τ᾽ ἐν νειῷ βόε οἴνοπε πηκτὸν ἄροτρον

ἶσον θυμὸν ἔχοντε τιταίνετον· ἀμφὶ δ᾽ ἄρά σφι

πρυμνοῖσιν κεράεσσι πολὺς ἀνακηκίει ἱδρώς·

τὼ μέν τε ζυγὸν οἶον ἐΰξοον ἀμφὶς ἐέργει

ἱεμένω κατὰ ὦλκα· τέμει δέ τε τέλσον ἀρούρης·

ὣς τὼ παρβεβαῶτε μάλ᾽ ἕστασαν ἀλλήλοιιν.

On dirait deux bœufs, à la robe couleur de vin, qui, dans la jachère, tirent d’un même cœur la charrue en bois d’assemblage. À la racine de leurs cornes perle une sueur abondante. Sauf le joug poli, rien ne les sépare, quand ils foncent sur la ligne du sillon et qu’ainsi la charrue atteint le bout du champ. Les Ajax sont là de même, rangés strictement de front.”( Traduction française de Paul Mazon)

IL-XIV 394

οὔτε θαλάσσης κῦμα τόσον βοάᾳ ποτὶ χέρσον

ποντόθεν ὀρνύμενον πνοιῇ Βορέω ἀλεγεινῇ·

οὔτε πυρὸς τόσσός γε ποτὶ βρόμος αἰθομένοιο

οὔρεος ἐν βήσσῃς, ὅτε τ᾽ ὤρετο καιέμεν ὕλην·

οὔτ᾽ ἄνεμος τόσσόν γε περὶ δρυσὶν ὑψικόμοισι

ἠπύει, ὅς τε μάλιστα μέγα βρέμεται χαλεπαίνων,

ὅσση ἄρα Τρώων καὶ Ἀχαιῶν ἔπλετο φωνὴ

δεινὸν ἀϋσάντων, ὅτ᾽ ἐπ᾽ ἀλλήλοισιν ὄρουσαν.

Ni le flot de la mer ne crie aussi fort en heurtant la terre, quand de tous côtés, il se lève au souffle du cruel Borée, ni le feu bruyant qui flamboie dans les gorges de la montagne, quand il s’est mis à embraser une forêt ; ni le vent qui se fait entendre autour des hauts chênes feuillus et qui, dans ses jours de colère, a des mugissements à nul autre pareils – tant la voix est puissante des Troyens et des Achéens, lorsque avec des cris effroyables ils se ruent les uns sur les autres.”

IL-XVII, 674

πάντοσε παπταίνων ὥς τ᾽ αἰετός, ὅν ῥά τέ φασιν

675 ὀξύτατον δέρκεσθαι ὑπουρανίων πετεηνῶν,

ὅν τε καὶ ὑψόθ᾽ ἐόντα πόδας ταχὺς οὐκ ἔλαθε πτὼξ

θάμνῳ ὑπ᾽ ἀμφικόμῳ κατακείμενος, ἀλλά τ᾽ ἐπ᾽ αὐτῷ

ἔσσυτο, καί τέ μιν ὦκα λαβὼν ἐξείλετο θυμόν.

« On dirait un aigle – celui des oiseaux du ciel qu’on dit avoir l’œil entre tous perçant – un aigle qui, si haut qu’il soit, ne manque pas de voir le lièvre aux pieds rapides gîté sous un buisson feuillu, et, fondant sur lui, vite le saisit et lui prend la vie. De même alors tes yeux brillants, divin Ménélas, tournent de tous côtés, cherchant si, dans le groupe si nombreux des tiens, ils n’apercevront pas, encore vivant, le fils de Nestor. »

mosaique_chasse_lionOD-IV, 791 où Pénélope, menacée par les prétendants est comparée au lion menacé par les chasseurs :

ὅσσα δὲ μερμήριξε λέων ἀνδρῶν ἐν ὁμίλῳ

δείσας, ὁππότε μιν δόλιον περὶ κύκλον ἄγωσι,

τόσσα μιν ὁρμαίνουσαν ἐπήλυθε νήδυμος ὕπνος·

Toutes les peurs qu’éprouve un lion quand des hommes s’avancent, refermant sur lui le cercle de leur ruse, elle les éprouvait quand la surprit le doux sommeil : la tête renversée, le corps souple, elle s’endormit.”

OD-V, 432

ὡς δ᾽ ὅτε πουλύποδος θαλάμης ἐξελκομένοιο

πρὸς κοτυληδονόφιν πυκιναὶ λάιγγες ἔχονται,

ὣς τοῦ πρὸς πέτρῃσι θρασειάων ἀπὸ χειρῶν

ῥινοὶ ἀπέδρυφθεν· τὸν δὲ μέγα κῦμα κάλυψεν.

 “Comme lorsqu’un poulpe ayant été arraché violemment de son gîte, à ses tentacules de petits cailloux restent attachés, ainsi contre les rochers, de ses mains hardies, des morceaux de peau furent arrachés ; et une grande vague le submergea”

On apprend également dans cet article la répartition statistique des comparants choisis et des comparés. Comme Mathilde, Homère aimait les lions puisque 19.7 % des comparaisons animales ont le lion pour comparant (soit 35 comparaisons)…

  • Quelques comparaisons homériques créées par vos soins.
  1. Celles de 2017 :

Les cheveux tels les tentacules d’une pieuvre secouée par l’océan chaotique et marchant de même qu’un ivrogne qui aurait bu toute la nuit, ainsi est ma sœur lorsqu’elle émerge de sa chambre au petit matin. (Elsa)

2. Celles de 2015

Tel Chronos dévorant ses enfants – ses cris résonnent dans les cieux et sous la terre -, tel était mon père lorsque je ne rangeais pas ma chambre.

Telle une fouine qui cherche une ruse pour mieux dévorer les bébés renards, telles étaient les filles qui se vengeaient lorsqu’on ne voulait pas faire ce qu’elles voulaient.

Et tel le guépard qui court dans la savane, ou tel le cheval qui galope dans les prés, crinière au vent et oreilles frémissantes, tel était Usain Bolt au championnat du monde d’athlétisme de Moscou 2013.

Et tel un mouton qui sort du lit de la rivière, ses boucles prenant une immense ampleur, le soleil se reflète sur ses blanches bouclettes, tel était-il lorsqu’il sortit de sa douche.

Et telle une grenouille qui se précipite et saute au loin dans la prairie pour fuir le grand bec du héron, tel était-il lorsqu’il aperçut la silhouette de sa belle-mère.

De même que le poisson rouge qui tourne et tourne en rond dans son bocal, de même Adrien cherche chaque semaine la salle du cours de latin.

Et telle une rivière desséchée par quelques jours d’ensoleillement intense, ou telle une forêt dénudée, défraîchie par un hiver rude, telle était Inès avant d’avoir ingurgité son hamburger.

Tel un vautour majestueux qui se pose sur le sceptre de Zeus, telle une tempête d’ouragan dévastant les villages de Grèce, telle la réaction d’Héra comptant toutes les tromperies de son mari, telle fut le pet de Mireille lorsqu’elle se posa sur le coussin.

Et pour finir, un texte bien étrange et sulfureux, qui fait mult usage de la comparaison homérique, Les chants de Maldoror